Au Au commencement était le mot
 
LE CEP ET LES SARMENTS
Au coeur de la vigne dévastée

1. Au cours de la réunion du Conseil du 29 mai 2011, fut mise à jour la différence entre le décompte officiel et le décompte réel du nombre des membres de l´Association, ainsi que la manière la plus appropriée de résoudre cette question en utilisant un processus de discernement. Le manque d´intégration dans les groupes ou dans la communidad promus par l´Association constitue, entre autres, l´un des motifs qui peuvent provoquer la perte de la condition de membre associé; et ce: ”Par décision du Conseil Recteur, après que l´intéressé ait été entendu et avec la ratification de l´Assemblée Générale Extraordinaire” (Statuts, art. 6, 2).
2. Ce sujet fait partie de la programmation de cette année. Les catéchèses Le cep et les sarments (Jn 15) et Lier et délier (Mt 18 et 5) peuvent faciliter le processus de discernement. Il s´agit du fonctionnement inverse de celui de l´inscription, mais, comme lui, c´est un processus participatif qui présente différentes niveaux: personnel, de groupe, communautaire et pastoral. Dans ce cas-là, on tient compte du processus de correction fraternelle.
3. La vigne est le symbole d´Israël. D´après l´historien Flavius Josèphe, il y avait à Jérusalem, au-dessus de la porte du temple, une vigne en or avec des sarments qui pendaient (Bellum iudaicum V,210; Antiquitates XV, 39). Comme le dit le proverbe: “On trouve de tout dans la vigne du Seigneur”; quant à la vigne, elle est dans l´état dans lequel elle se est. Il est dit dans le psaume 80: “ Il était une vigne. Tu l´arrachas d´Égypte, tu chassas des nations pour la planter, tu préparas le sol, elle prit racine et remplit le pays. Les montagnes étaient couvertes de son ombre, et, de ses pampres, les cèdres de Dieu; elle étendit ses sarments jusqu´à la mer et du côté du Fleuve, ses rejetons. Pourquoi as-tu jeté à bas ses clôtures, et tout passant du chemin la grappille, le sanglier des forêts la ravage et la bête des champs la dévore? (...). Visite cette vigne, prends-soin d´elle, celle que ta main droite a plantée. Ceux qui y ont mis le feu comme aux ordures, qu´à la menace de ta face ils périssent”.
4. Le prophète Isaïe entonne le chant de la vigne et il l´accuse: “Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l´épierra, il y planta un bon cépage; il construisit au milieu une tour de surveillance, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins: elle donna des raisins sauvages”. Que pouvait-on faire de plus pour cette vigne? Et pourquoi, alors qu´ en attendait de bons raisins, donna-t-elle des raisins amers? Que faire, maintenant? “Maintenant, je vais vous le dire, ce que je vais faire à ma vigne: je vais enlever sa clôture (...). Elle ne sera ni taillée, ni sarclée” (Is 5,1-7); elle se retouvera sans protection, sans soins.
5. Jérémie continue dans la même orientation, l´accusation prophétique: “Moi, je t´avais plantée uniquement d´un cépage choisi, tout entière d´ une excellente origine. Comment t´es-tu changée pour moi en sarments sauvages d´une vigne de mauvaise qualité?” (Jr 2,21). Il en est de même, aussi, pour le prophète Ezéchiel. “Ta mère était semblable à une vigne plantée non loin de l´eau. Elle était féconde, exubérante, grâce à l´abondance de l´eau (...). Mais elle a été furieusement arrachée, jetée à terre; le vent d´est a desséché son fruit, elle a été brisée, son cep puissant a séché, le feu l´a dévoré (...). Le feu est sorti de son cep, et il a dévoré ses tiges et son fruit” (Ez 19,10-14). Quant  aux sarments: “ Au feu” (15,1-6).
6. Jésus se situe dans la ligne des prophètes. La parabole des vignerons homicides s´adresse aux responsables d´Israël: “Les grands prêtres et les anciens du peuple” (Mt 21,23). “ Un homme était propriétaire, et il planta une vigne; il l´entoura d´une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage”. Quand fut venu le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour percevoir le fruit qui lui en revenait. Le propriétaire s´est rendu compte de l´harnaque, on lui a payé la location sous forme de coups et ses serviteurs ont été maltraités; quant à son fils, on l´a tué. Les vignerons se sont rebélés et leur défi n´a aucune limite. Quand le propriétaire de la vigne reviendra: que fera-t-il à ces vignerons-là? Et eux de répondre: il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d´autres vignerons qui lui en livreront le fruit en son temps (21,33-43)
7. Au milieu de la vigne dévastée (Ps 80), le Seigneur plante un cep, la communauté des disciples. Jésus dit: “Moi, je suis le cep; vous, vous êtes les sarments”. Jésus ne se définit pas comme comme le tronc ou le cépage, par opposition aux sarments; mais comme le cep qui se ramifie dans la totalité de la plante. En conséquence, la vigne, c´est Jésus; mais ce sont aussi les disciples. L´ensemble se ramifie en Jésus, mais inclut la communauté.
8. Il est fondamental de demeurer en lui. La relation à Jésus produit du fruit: “De même que le sarment ne peut de lui-même produire du fruit s´il ne demeure pas sur le cep, ainsi vous, si vous ne demeurez pas en moi” (15,4). Le sarment n´a pas de vie par lui-même; il a besoin de la sève du cep, c´est à dire de la parole de Jésus. La séparation entraîne de façon radicale la stérilité: “Car hors de moi, vous ne pouvez rien faire” (15,5). Celui qui se sépare attire sur lui le jujement du sarment desséché: il ne peut servir à rien, il est mis au feu.
9. Si nous demeurons en lui et que ses paroles demeurent en nous, c´est alors que la prière est efficace: “Demandez ce que vous voulez, et vous l´obtiendrez” (15,7). À la conformité donnée à la parole, Jésus promet l´efficacité de la prière. De cette manière, la prière n´est plus quelquechose de magique, mais bien la collaboration avec la parole de Jésus. L´amour fraternel est fondamental. Jésus dit: “Ceci est mon commandement. Que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés” (15,1-2). L´amour fraternel est le produit de la vigne: le bon vin.
10. Jésus dit aussi: “Moi, je suis la vigne véritable, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il le coupe; et tout sarment qui donne du fruit, il l´émonde, pour qu´il porte encore plus de fruit” (15,1-2). Tailler la vigne est l´un des soins pour l´entretenir, de façon à ce qu´elle produise plus de fruit et qu´il soit de meilleure qualité. La taille rallonge la vie de la vigne et assure la récolte, d´une année sur l´autre. Si on laisse croître la vigne en toute liberté, elle se développe avec un tronc très long et des fruits très petits qui sont de qualité médiocre. La vigne doit être taillée pour qu´elle croisse d´une manière contrôlée ainsi que pour contrôler la production et la qualité du fruit. Le vigneron coupe les sarments qui ne produisent pas de fruit et taille les autres pour qu´ils en donnent davantage. C´est l´écoute de la parole qui opère ce travail de nettoyage destiné à rendre possible le fruit: “Déjà, vous êtes déjà purifiés grâce à le parole que je vous ai dite”(15,3).
11. Vis à vis de Jésus, les disciples ne sont pas des serviteurs, mais bien des amis. Il convient de faire ce qu´il commande:”Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j´ai entendu de mon Père, je vous l´ai fait connaître” (15,14-15). Les disciples ne sont pas des saisonniers qui cherchent à se faire embaucher. Ce sont des collaborateurs choisis par Jésus avant même qu´ils ne se soient proposés. Et ils sont appelés à donner du fruit: “Ce n´est pas vous qui m´avez choisi; mais c´est moi qui vous ai choisis et vous ai destinés à partir et à donner du fruit et que votre fruit demeure” (15,16).
12. Il convient de discerner; parfois, il n´est pas nécessaire de couper. Nous avons la parabole du figuier stérile: “Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n´en trouva pas. Il dit alors au vigneron: “Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n´en trouve pas. Coupe-le; pourquoi donc user la terre pour rien?” L´autre lui répondit: “Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse autour et que je mette de l´engrais. Peut-être donnera-t-il des fruits à l´avenir... Et sinon, tu le couperas” (Lc 13,6-9). Le propriétaire suspend sa décision de couper le figuier face à la promesse du vigneron: il s´agit de donner un dernier délai, de faire encore ce qui est possible. C´est la fonction qu´a, en propre, le serviteur du Seigneur: “Il ne brise pas le roseau froissé, il n´éteint pas la mèche qui faiblit” (Mt 12,20; Is 42,3).
* Dialogue: Sur le cep et les sarments