Au Au commencement était le mot
 
FEMMES DANS LA BIBLE II

 

1.- Dans le monde de l´Antiquité, la femme se limite –excepté dans des cas isolés- aux tâches domestiques : elle est considérée comme occupant une situation inférieure, elle vit  en situation de dépendance et de soumission. Chez les Juifs, « la fille demeurera toujours sous l´autorité paternelle tant qu´elle ne sera pas passée, avec les noces, sous la dépendance de son mari », dit la Misná qui recueille la tradition orale juive jusqu´au IIº siècle ap. J.C. « La femme, dit la Loi, est soumise en tout à son mari » (Josèphe, Contra Apionem, 2,24). La situation de la femme change-t-elle avec l´Évangile ?  Quel rôle y tient-elle ? Un rôle traditionnel ? Un rôle nouveau ? Nous examinerons quarante figures féminines du Nouveau Testament.

2.- Dans l´évangile de Luc, Marie apparaît comme le modèle du disciple qui accueille la Parole : « Je suis la servante du Seigneur; qu´il m´advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Notre chant exprime ainsi l´annonce qu´elle reçoit : « Ne crains rien, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi. Réjouis-toi, dans ton espérance ; donne le jour au soleil ! ». Marie garde dans son coeur ce qu´elle entend dire de l´enfant (2,51). À Nazareth, c´est elle qui tisse, peu à peu, le langage humain de Jésus. Dans l´Évangile de Jean, « la mère de Jésus », sans qu´elle soit nommée, apparaît aux noces de Cana (Jn 2,5) et au pied de la croix (19,25). Dans les autres évangiles,  Marie apparaît peu ; et lorsqu´elle apparaît, il n´est dit que ce qui est important : ce n´est pas la relation familiale, mais l´écoute de la Parole de Dieu. Un jour, alors que Jésus parlait aux gens, une femme éleva la voix et dit : « Heureuses les entrailles qui t´ont porté, et les seins qui t´ont nourri ! » Mais il répondit : « Heureux, plutôt, ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 11,27-28). Dans les Actes de Apôtres, enfin, Marie apparaît en prière, avec les disciples  (Ac 1,14).

3.- Elisabeth habite dans la montagne. Elle est mariée avec un prêtre qui s´appelle Zacharie ; ils n´ont pas d´enfants et tous deux sont avancés en âge (Lc 1,5-7). Mais Elisabeth conçoit un fils, dont il lui a été dit : « Il sera rempli de l´Esprit Saint dès le sein de sa mère »(1,15). Alors qu´elle est enceinte, elle reçoit la visite de sa cousine Marie. « Et il advint, dès qu´Elizabeth eut entendu la salutation de Marie, que l´enfant tressaillit dans son sein et Elizabeth fut remplie de l´Esprit Saint. Alors, elle s´exclama : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m´est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ?... Oui, bienheureuse celle qui a cru en l´accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! ». Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur » ; et elle demeura chez sa cousine environ six mois (1,39-56).

4.- Ana, la prophétesse, avait vécu sept ans avec son mari, et elle resta veuve jusqu´à l´âge de quatre-vingt-quatre ans. «  Elle ne quittait pas le temple, servant Dieu, nuit et jour, dans le jeûne et la prière ».  Étant survenue au moment-même de la présentation de Jésus au temple, « elle louait Dieu et parlait de l´enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » (Lc 2,36-38).

5.- L´Évangile nous renvoie au plan originel de Dieu sur le mari et la femme : « Tous deux ne feront qu´une seule chair » (Mc 10,8). Avec les disciples qui le suivent, Jésus partage la mission (Mt 10,8) : il enseigne et il soigne (Mc 1,21-28). Il ya les Douze (Mc 3,14-15), il y a les soixante-douze disciples (Lc 10,1-20),  et il y a les femmes qui accompagnaient Jésus (8,2-3). La véritable parenté de Jésus n´est pas d´ordre biologique : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21). La communauté devient la nouvelle famille du disciple. La relation est une relation de fraternité : « Pour vous, ne vous faites pas appeler « Maître » : car vous n´avez qu´un maître, et vous êtes tous des frères. N´appelez personne non plus votre « Père » sur la terre, car vous n´en avez qu´un, le Père céleste » (Mt 23,8-9). Un grand nombre de femmes découvrent la libération de l´Évangile : la femme courbée, l´hémorroïse, la veuve de Naim, la Cananéenne, la Samaritaine, la pécheresse pardonnée, la femme surprise en état d´adultère. Elles sont guéries, et elles participent à la mission de Jésus, qui enseigne et qui guérit. « Or Jésus aimait Marthe et sa soeur, et Lazare » (Jn 11,5). De même que, dans les moments importants (la resurrection de la fille de Jaïre, la Transfiguration, l´agonie au jardin de Gethsémani) apparaissent trois hommes  (Pierre, Jacques et Jean), de même apparaissent trois femmes (Marie de Magdala, Marie mère de Jacques, et Salomé) qui lui restent fidèles jusqu´au moment de sa mort (Mc 15,40), alors que les hommes se sont enfuis. Enfin, ce sont des femmes qui annoncent aux autres la résurrection de Jésus : Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie mère deJacques, ainsi que les autres femmes qui étaient avec elles (Lc 24,10).

6.- Jésus arrive à une ville de Samarie. Les disciples sont allés acheter de la nourriture. Fatigué par la route, Jésus s´assied à côté du puits ; il est environ midi. Arrive une femme, c´est une Samaritaine qui vient puiser de l´eau. Elle ne dit pas comment elle s´appelle, mais Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». À la femme, que la demande de Jésus a rendue perplexe, Jésus parle du don de Dieu et aborde la question de l´eau vive : « Si tu connaissais le don de Dieu , et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c´est toi qui l´en aurait prié, et il t´aurait donné l´eau vive ». La femme prend les paroles de Jésus au pied de la lettre et pense qu´il s´agit de l´eau normale : « Seigneur, tu n´as rien pour puiser, et le puits est profond. D´où l´as-tu donc, l´eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits ? ». Mais Jésus parle d´un autre type d´eau. « Quiconque boit de cette eau-là aura soif à nouveau ; mais qui boira de l´eau que je lui donnerai n´aura plus jamais soif ; l´eau que je lui donnerai deviendra en lui source d´eau jaillissant en vie éternelle ». La femme lui dit alors : « Seigneur, donne-moi de cette eau » (Jn 4,1-15). Il lui dit : « Va, appelle   ton mari et reviens ici ». Et la femme de répondre : « Je n´ai pas de mari ». Jésus lui dit : « Tu as bien fait de dire : « Je n´ai pas de mari », car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n´est pas ton mari ; en cela, tu dis vrai ». La conversation aborde le sujet religieux : où faut-il adorer, en Samarie ou à Jérusalem ? Jésus répond : « L´heure vient -et c´est maintenant- où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ». Quand le Christ viendra, pense la femme, le Messie, il expliquera tout cela. « C´est moi, celui qui te parle ». La-dessus arrrivent ses disciples, qui s´étonnent de le trouver en train de parler avec une femme, mais personne ne dit rien. La femme,laissant là sa cruche, court à la ville et dit aux gens : « Il y a là un homme qui m´a dit tout ce que j´avais fait ; ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4,1-30).

7.- Une femme qui souffrait d´hémorragies depuis douze ans avait consulté en vain de nombreux médecins et y avait dépensé tout son bien sans trouver aucune amélioration ; son état avait même empiré. Ayant entendu parler de Jésus, elle s´approcha de lui par derrière au milieu des gens et elle toucha son manteau. En effet, elle pensait : « Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée ». Immédiatement, la source de ses hémorragies se tarit et elle sentit que son corps était guéri. Jésus se retourna vers les gens et dit : « Qui m´a touché ? ». Ses disciples lui disaient : «Tu vois la foule qui te presse de tous côtés, et tu dis :Qui m´a touché ? » . Mais lui continuait à regarder autour de lui ; alors la femme s´approcha, craintive et tremblante, et, se jetant à ses pieds, elle lui dit toute la vérité. Et lui dit à la femme : « Ma fille, ta foi t´a sauvée ; va en paix, libérée de ta maladie »(Mc 5,25-34).

8.- En arrivant chez Pierre, Jésus vit que la belle-mère de Pierre était au lit avec de la fièvre. Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; s´étant levée, elle se mit à le servir. Une fois guérie, elle aide à guérir. Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques ; il chassa les esprits d´un mot, et il guérit tous les malades, afin que s´accomplit l´oracle du prophète Isaïe : « Il a pris nos infirmités et s´est chargé de nos maladies » (Mt 8,14-27). Le mot « démons » peut se rapporter à  des situations de problèmes, de faiblesses, de maladies.

9.- Jésus s´était rendu dans la région de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, mais il ne réussit pas à passer inaperçu. Une femme cananéenne était venue de cette région et criait : «Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David, ma fille est tourmentée par un démon ! ». Mais lui ne répondait rien. Ses disciples, s´approchant de lui, lui dirent : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses hurlements ». Et Jésus de répondre : « Je n´ai été envoyé qu´aux brebis perdues d´Israël » . La femme s´approcha, s´agenouilla devant lui et le supplia : « Seigneur, viens à mon secours ! ». Les Juifs ne pouvaient admettre à leur table des païens et Jésus lui dit : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Mais elle répondit : « C´est vrai, Seigneur, mais les chiens mangent aussi les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Alors Jésus dit : « Ô femme, que ta foi est grande ! Qu´il en advienne selon ton désir ». Et, dès ce moment-là, sa fille fut guérie (Mt 15,21-28).

10.- Jésus se rendit à une ville appelée Naïn, accompagné de ses disciples et d´une grande multitude de gens. Alors qu´ils approchaient de la porte de la ville, voilà qu´on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve ; et il y avait avec elle une foule considérable de cette ville. En la voyant, le Seigneur eut pitié d´elle et lui dit : « Ne pleure pas ». Puis, s´approchant, il toucha le cercueil et les porteurs s´arrêtèrent. Il dit : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi ! ». Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Et lui le remit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète s´est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple » (Lc 7,11-16).

11.- Un Pharisien avait invité Jésus à déjeuner, et il y  avait dans la ville une femme connue pour ses péchés. Ayant appris que Jésus était chez le Pharisien, elle s´y  présenta avec flacon d´albâtre rempli de parfum. En se plaçant derrière lui, à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, à les essuyer avec ses cheveux, et elle les embrassait et les couvrait de parfum. Le Pharisien qui l´avait invité se disait en lui-même : « Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme, qui le touche, et qui elle est : une pécheresse ! ». Jésus, prenant  la parole, lui dit alors : « Un créancier avait deux débiteurs ; l´un lui devait cinq cents deniers , l´autre cinquante. Comme ils n´avaient pas de quoi le rembourser, il fit leur grâce à tous deux. Lequel des deux l´en aimera plus ? ». Le Pharisien répondit : « Celui-là, je pense, auquel il a fait grâce de plus ». Il lui dit : « Tu as bien jujé »...  Puis il dit à la femme : « Tes péchés te sont remis ; ta foi t´a sauvée ; va en paix »(Lc 7,36-50).

12.- Jésus était arrivé dans un village où une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Sa soeur, appelée Marie, s´était assise aux pieds du Seigneur et écoutait ses paroles, tandis que Marthe s´affairait aux multiples tâches de la maison. Celle-ci s´arrêta et, s´adressant à Jésus, elle lui dit : « Seigneur, cela te paraît bien que ma soeur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m´aider ! ». Et lui de répondre : « Marthe, Marthe, tu t´inquiètes et tu t´agites pour beaucoup de choses, mais il n´y en a qu´une qui soit nécessaire . C´est Marie qui a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10,38-42).

13.- Un jour de sabbat où Jésus était en train d´enseigner à la synagogue, il y avait une femme qui, depuis dix-huit ans, était complètement courbée et ne pouvait absolument pas se redresser. En la voyant, Jésus lui dit : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité » (Lc 13,12). Nombreuses sont les femmes qui, courbées sous le poids de la maladie, des critères sociaux et religieux, ou encore sous celui de la marginalisation, se sont redressées en découvrant l´Évangile, et qui sont parvenues à se libérer de leurs attaches et de leurs conditionnements.

14.- Un jour, Jésus enseigne dans le Temple, et les scribes et les Pharisiens lui amènent une femme surprise en état d´adultère. Ils lui disent, pour le surprendre en flagrant délit : « Moïse, dans la Loi, nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ? ». L´inégalité entre l´homme est la femme est flagrante : où se trouve le complice de l´adultère ? Jésus, en s´inclinant vers le sol, se met à écrire des choses dans le sable. Mais, comme eux insistent, il se redresse et dit : « Que celui d´entre vous qui est libre de tout péché lui lance la première pierre ». Et, s´inclinant de nouveau, il se remet à écrire dans le sable.

Eux, en entendant ces paroles, se retirent un à un, en commençant par les plus      âgés, et Jésus reste seul avec la femme. Se redressant, il lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t´a condamnée ? ». Et, comme elle répond : « Personne, Seigneur », il lui dit : « Eh bien, moi non plus, je ne te condamne pas . Va, et dorénavant, ne pèche plus » (Jn 8,2-11). En conséquence : conversion, oui ; mais pénalisation, non.

15.- Jésus, assis devant le trésor du Temple, regardait les gens déposer leurs offrandes. Beaucoup de gens fortunés mettaient de grosses sommes. Mais survint une femme veuve et pauvre qui déposa quelques centimes. Il appela ses disciples et leur dit : « En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous les autres. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, elle a mis tout ce qu´elle avait pour vivre » (Mc 12,41-44). Ainsi le dit la chanson : « Quand le pauvre, qui n´a rien, quand même donne... c´est Dieu lui-même qui, avec nous, marche sur le chemin ».

16.- Six jours avant la Pâque, Jésus se rendit à Béthanie où se trouvait Lazare, qu´il  avait ressuscité des morts. On lui organisa là un repas. Marthe servait, et Lazare était l´un de ceux qui étaient avec lui à table. Alors Marie, prenant une livre d´un parfum de nard, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s´emplit de l´odeur du parfum. Mais Judas l´Iscariote, l´un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit : «Pourquoi ce parfum n´a-t-il pas été vendu trois cents deniers qu´on aurait donnés à des pauvres ? ». Mais il disait cela non pas par souci des pauvres, mais parce qu´il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu´on y mettait. Jésus dit : « Laisse-la. C´est pour le jour de ma sépulture qu´elle gardait ce parfum. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m´aurez pas toujours ».(Jn 12, 1-8). Marie réalise là un geste qui n´a pas de prix :  l´onction,  par anticipation, du corps de Jésus.

17.- Marie de Magdala, ville située au bord du lac de Galilée, était une femme qui avait été guérie par Jésus. Il avait chassé d´elle «  sept démons » (Mc 16,9), autrement dit, un certain nombre de  problèmes. C´est elle qui annonce aux autres la résurrection de Jésus. Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine était allée au tombeau au lever du jour, quand il faisait encore sombre ; elle se mit à courir pour aller avertir Simon Pierre et  Jean : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l´a mis ! ». Elle se trouvait alors à l´extérieur du tombeau; elle pleurait, et, tandis qu´elle pleurait, en s´inclinant vers le tombeau, elle vit deux anges, deux messagers vêtus de blanc, vêtus de gloire, assis à  l`endroit où avait été déposé le corps de Jésus, l´un à la tête et l´autre aux pieds. Ceux-ci lui dirent : « Femme,  pourquoi  pleures-tu ? ». Sa réponse exprime son désarroi : « Parcequ´on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l´a mis ». Ayant dit cela, elle se retourna et elle vit Jésus, qui se tenait debout, mais elle ne savait pas que c´était Jésus. Et Jésus de lui dire : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ». Le prenant pour le jardinier, elle lui dit : « Seigneur, si c´est toi qui l´a emporté, dis-moi où tu l´as mis, et je l´enlèverai ». Jésus lui dit : « Marie !». Et, se retournant, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », ce qui signifie : « Maître ! ». Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père ; mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. Et Marie de Magdala s´en fut annoncer aux disciples ce qu´elle avait vu et les paroles qui lui avaient été dites (Jn 20, 1-18). Dans les premiers siècles, on l´appelle apôtre des apôtres. L´évangile de Mathieu dit qu´elle et l´autre Marie, la mère de Santiago, « s´approchèrent, et, étreignirent ses pieds, l´adorèrent » ( Mt 28,9). Mais le Ressuscité ne peut être ni touché, ni saisi, ni retenu (Cf. Ct 3,4). Il échappe entre les mains, il monte à la maison du Père.

18.- Dans la communauté, les femmes prennent la parole : « Vos fils et vos filles prophètiseront » (Ac 2,17 ;1 Co 11,5). Nombreuses sont celles qui se distinguent dans le service de l´Évangile, comme Marie, la mère de Jean surnommé Marc, et sa servante Rhodé (Ac 12, 12-13). Il y a des prophétesses, les quatre filles de Philippe (Ac 21,9) ; il y a aussi des femmes chargées du diaconnat, comme Phébée (Rm 16,1). Parallèlement aux grandes communautés, comme celles de Jérusalem ou d´Antioche, existent les petites communautés, dont la direction peut être assurée par le responsable de la famille, qu´il soit homme ou femme (Rm 16,3-5 ;Col 4,15). L´une d´entre elles était Lydie, négociante en pourpre, originaire de Thyatire, et qui adorait Dieu. Le Seigneur lui avait ouvert le coeur pour qu´elle adhère aux paroles de Paul. Et quand elle-même et les gens de sa maison reçurent le baptême, elle supplia : « Si vous me considérez comme une  fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison » (Ac 16,12-15). Dans la lettre aux Philippiens, Paul exhorte « Évodie comme Syntiché à vivre en bonne intelligence, dans le Seigneur » (Ph 4,2). Dans la lettre aux Colossiens, Paul salue « les frères, ainsi que Nymphas et l´Église qui se rassemble dans sa maison »(Col 4,15). Dans la première lettre aux Corinthiens, il leur dit qu´il sait « par les gens de Chloé , qu´il existe entre vous des discordes » (1 Co 1,11). Dans la lettre à Philémon, enfin, il salue Apphia « notre soeur » (Phm 2).

19.- À Corinthe, Paul rencontre un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, et sa femme Priscille qui viennent d´arriver d´Italie à la suite du décret de l´empereur Claude, qui ordonne à tous les Juifs de quitter Rome. Il se lie avec eux, et, comme ils sont du même métier, il demeure chez eux et y travaille. Ils sont, de leur état, fabricants de tentes (Ac 18,1-3). Peu après, à Éphèse, ils rencontrent un Juif nommé Apollos, originaire d´Alexandrie, homme d´une grande éloquence et  versé dans les Écritures. Il a été instruit de la voie du Seigneur, et dans la ferveur de son âme, il prêche et enseigne avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu´il connaisse seulement le baptême de Jean. : « Après l´avoir entendu, Priscille et Aquilas le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie » (18,24-27).

20.- Dans l´épître aux Galates, charte de la liberté chrétienne, Paul s´exprime ainsi : « Il n´y a plus ni Juif ni Grec, ni eslave ni homme libre, ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu´un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28). Le Concile de Jérusalem suppose, pour les non-Juifs convertis au christianisme, la libération de la loi juive (Ac 15,18). Là réside le combat de Paul. Et c´est la raison pour laquelle il affirme de façon catégorique : « Vous avez rompu avec le Christ, vous qui cherchez la justice dans la Loi ; vous vous êtes séparés de la grâce » (Ga 5,4).

21.- Dans la lettre aux Romains, Paul recommande Phébée : « Notre soeur diaconesse (au service de, ministre de, sage-femme) de l´Église de Cenchrées ; offrez-lui dans le Seigneur un accueil digne des saints, et assistez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous ; aussi bien fut-elle une protectrice pour nombre de chrétiens et pour moi-même » (Rm 16,1-2). Il dit aussi : « Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie, ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude ; c´est le cas de toutes les Églises de la gentilité ; saluez aussi l´Église qui se réunit chez eux » (16,3-5). « Saluez Marie, qui s´est bien fatiguée pour vous. Saluez Andronicus et Junias, mes parents et mes compagnons de captivité. Ce sont des apôtres marquants » (16,6-7). « Saluez Tryphène et Tryphose, qui se fatiguent dans le Seigneur ; saluez ma chère Persis, qui s´est beaucoup fatiguée dans le Seigneur. Saluez Rufus, cet élu dans le Seigneur, et sa mère, qui est aussi la mienne. Saluez Asyncrite et Phlégon, ... Philologue et Julie, Nérée et sa soeur, ainsi qu´Olympas » (16,12-15).

22.- À une époque de persécution, Jean dit voir dans le ciel (dans le langage des constellations) ce qui se passe sur la terre : « Une femme, que le soleil enveloppe ; la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l´enfantement » (Ap 12,1-2). Dans le langage symbolique de l´Apocalypse,  il s´agit de l´Église à ses débuts, la Communauté chrétienne, revêtue du soleil, revêtue du Christ. La lune peut être Marie. La couronne des douze étoiles, les douze apôtres. C´est une Église qui est en train d´enfanter, une Église-mère, une Église féconde. Face à elle, apparaît, menaçant « Un énorme dragon rouge-feu, avec sept têtes et dix cornes... Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la femme en travail, le dragon s´apprête à dévorer son enfant aussitôt né » (1,3-4). Le dragon, c´est « l´antique serpent, le Diable ou le Satan, comme on l´appelle, le séducteur du monde entier » (12,9). L´empire, c´est le pouvoir, c´est « l´accusateur de nos frères » (12,10). « Mais eux l´ont vaincu par le sang de l´Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu´à mourir » (12,11).

* Dialogue :

- La situation de la femme: change-t-elle avec l´Évangile ?

- Comment les femmes y apparaissent-elles ?

- Quel rôle y jouent-elles ? Un rôle traditionnel, un rôle nouveau ?

- Quelles leçons en tirons-nous ? Quelle expérience pouvons-nous avoir