Au Au commencement était le mot
 

Quand Jean Baptiste, qui en prison avait entendu parler des œuvres du Christ, envoie ses disciples lui demander s'il était celui qui devait venir, ou on devait attendre un autre, Jésus leur remit à "ce que vous êtes en train de voir et entendre". Les signes attendus se laissent voir: Les aveugles retrouvent la vue, le boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres (Mt. 11, 5). Aujourd'hui aussi, l'expérience de foi a les mêmes signes. Ce que de mieux peut avenir à celui qui est en train de chercher, c'est de se trouver devant un signe qui le mène à la foi.


L'un de ceux-ci c'est: les aveugles voient. C'est ainsi que s'accomplit ce que dit le Prophète Isaïe: Sortant de l'obscurité des ténèbres, les yeux des aveugles verront (Is 29,18). Sans écarter dans l'évangélisation de Jésus les guérisons de caractère physique, le symbolisme de la cécité et de la lumière parcourt tout l'évangile, et même toute la Bible. Par exemple, Saint Paul dit: Car le Dieu qui a dit: que la lumière brille au milieu des ténèbres, c'est lui même qui a brillé dans nos cœurs ) (2 Cor 4,6).


La lumière manifeste la gloire de Dieu. Dans le psaume 104 on chante: Drapé de lumière comme d'un manteau. Et dans le psaume 67: Que Dieu nous prenne en pitié et nous bénisse. Qu'il fasse briller sa face parmi nous. Il est écrit: Dieu est la lumière et les ténèbres ne l'ont point comprise (Jn 1,5). Dans sa lumière nous voyons la lumière (Ps 36,10). Sa parole est la vraie lumière (Jn 1,9), qui allume nos pas: La découverte de tes paroles allume, elle donne du discernement aux simples (Ps 119,130)


L'évangélisation de Jésus commence à Galilée, dans une terre réduite en esclavage, dans les ténèbres, qui avait besoin de rédemption: Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière (Mt 4,16). Jésus est le serviteur, destiné à être l'alliance du peuple et la lumière du monde, pour ouvrir les yeux aux aveugles, et tirer du cachot le prisonnier , de la maison d'arrêt les habitants des ténèbres (Is 42,6-7). Il est la lumière du monde. Qui n'a pas vu cette lumière-ci, c'est un aveugle (Jn 9). Qui suit Jésus, il ne marche pas en obscurité, mais il a la lumière qui conduit à la vie (Jn 8,12).


Si nous faisons ce que Dieu veut (libérer les oppressés, partager le pain avec ceux qui n'en ont pas, loger le pauvre sans toit, alors la lumière poindra comme l'aurore (Is 58,8). Si nous faisons le mal, nous nous heurtons contre les ténèbres: Nous espérions la lumière et voici les ténèbres, la clarté, et nous marchons dans l'obscurité. Nous tâtonnons comme des aveugles contre un mur, nous tâtonnons comme des gens sans yeux. En plein midi nous trébuchons comme au crépuscule, en plain santé, nous sommes tels des morts (Is 59,9-10).


C'est Jésus qui l'a dit: Vous êtes la lumière du monde (Mt 5,14). Dieu, qui nous a appelés dès ténèbres à sa merveilleuse lumière (1P 2,9) nous invite à vivre comme des fils de la lumière: Le fruit de la lumière s'appelle: bonté, justice, vérité (Ef 5, 9-11). Le critère fondamental c'est l'amour fraternel: Qui aime son frère demeure dans la lumière (1 Jn 2,10). Jésus donne à Nicodème un autre critère: Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées. Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu (Jn 3, 20-21).


À la foule, Jésus annonce la Parole avec beaucoup de paraboles, mais à ses disciples il leur resserve un enseignement spécial: À vous, le mystère du Règne de Dieu et donné, mais pour ceux du dehors tout devient énigme, pour que, tout en regardant, ils ne voient pas et que, tout en entendant, ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il leur soit pardonné (Mc 4, 11-12). Selon la parabole du semeur, les différents genres de terrain où le grain de la Parole tombe, correspondent aux différents caractères des personnes. Le refus de la Parole vient donné surtout parmi ceux dont la situation de pouvoir économique, politique ou religieux leur fait devenir aveugles ou sourds. On dit qu'il n'y a pas de plus mauvais aveugles que ceux qui ne veulent pas entendre.


Les écrives et pharisiens sont des aveugles, et, en plus, ils ont la responsabilité de conduire beaucoup d'autres: ce sont des aveugles qui guident des aveugles (Mt 15,14); ils considèrent plus important l'or du Sanctuaire que le Sanctuaire lui même (23,17); ils passent le moustique et avalent le chameau (23,24); en dehors ils purifient la coupe et l'assiette, tandis que en dedans ils débordent de rapine et orgie (23,25). Jésus leur répondit: "Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais à présent vous dites ‘nous voyons’: votre péché demeure" (Jn 9,41).


Dans l'épisode de la Transfiguration, Pierre, Jacques et Jean voient d'avance la gloire de Jésus, vêtu de la lumière de la Résurrection: son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière (Mt 17,2). Les voyageurs d'Émmaüs connaissent Jésus Ressuscité quand leurs yeux furent ouverts (Lc 24,31). Saint Paul voit dans le chemin de Damas une grande lumière venant du ciel qui l'entoure et l'aveugle, jusqu'à ce que - au moyen d'Ananie – il récupère la vue (Act. 22,6-13). Dans le nouveau monde, selon l'Apocalypse, il n'y aura plus de nuit, car le Seigneur Dieu répandra sur nous sa lumière (Ap 22,5).


Les premiers chrétiens appellent illumination l'initiation à la lumière qu'implique l'expérience de l'Evangile. Dans le poème de la nuit obscure Saint Jean de la Croix chante la lumière qui lui guide: celle-ci me guidait plus sûr que la lumière du midi. Dans ce temps, le Concile Vatican II veut illuminer tous les hommes avec la lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l'Eglise (LG1).


Si nous lisons le passage de l'aveugle de Jéricho (Mc 10, 46-52) comme schéma d'évangélisation, nous pouvons voir où est-ce que nous sommes. Voilà le contexte: Les disciple accompagnent Jésus vers Jérusalem. À vrai dire, ils sont assez aveugles. Les uns, les fils de Zébédée, ne savent pas ce qu'ils demandent, car ils demandent les premiers postes (10,38); les dix autres s'indignent (10,41). Beaucoup de ceux qui le suivent ont de la peur (10,32).


Quand Jésus sortait de Jéricho, accompagné de ses disciples et d'une grande foule, un mendiant aveugle, assis à côté du chemin, se mit à crier: Fils de Dieu, aie pitié de moi!. Fils de Dieu!, le cri messianique!. Beaucoup d'entre eux l'insultaient pour qu'il se tût. Mais il criait de plus belle: Fils de David, aie pitié de moi! Jésus s'arrêta et dit: "Appelez-le" On appelle l'aveugle, on lui dit; "Confiance, lève-toi, il t'appelle". Rejetant son manteau, il se leva d'un bond et il vint vers Jésus. S'adressant à lui, Jésus dit: "Que veux-tu que je fasse pour toi?" L'aveugle lui répondit: "Rabbouni, que je retrouve la vue!" Jésus dit: "Va, ta foi t'a sauvé." Aussitôt il retrouva la vue et il suivit Jésus sur le chemin.

Nous pouvons revisser: Comment nous nous situons devant Jésus?


Comme des aveugles, au bord du chemin


En criant


Nous avons été appelés


Nous voyons déjà


Nous suivons Jésus par le chemin