Au Au commencement était le mot
 

1. Une question qui est habituellement posée à la communauté (ou à un groupe) est la suivante: Que faites-vous quand vous vous réunissez ? Comment sont vos réunions ? Nous ne pouvons pas ignorer les questions ou les situations des participants si nous ne voulons pas répondre à des questions qui ne se posent pas ou à des problèmes qui n´existent pas. Dans la rencontre de Pierre et de Corneille, par exemple, l´interrogation  est prise en compte (Ac 10,21.29).

2. Une catéchèse qui accueille chaque interrogation ou chaque situation a son impact propre sur le groupe. Loin d´être répétitive et conservatrice, elle implique une rénovation permanente, qui permet une lecture de vie, une expérience et une histoire individuelles, et cela à la lumière de la Parole de Dieu et en communauté.

3. Ces bases étant posées, et avec l´adaptation nécessaire à chaque cas, nous utilisons habituellement le schéma de réunion que Paul propose à la communauté de Corinthe : Lorsque vous vous réunissez, chacun peut avoir un psaume, un enseignement, une révélation, un discours en langue, une interprétation. Que tout se passe de manière à édifier... S´il n´y a personne pour interpréter, qu´on se taise dans l´assemblée ; que chacun parle à soi-même et à Dieu (1 Co 14, 26-28). Ainsi, de ce fait, se trouvent conjugués plusieurs éléments :

- psaume : prière à partir de ce qui attire le plus l´attention et qui est en relation avec les événements personnels, sociaux et ecclésiaux.

- instruction : écoute de la Parole de Dieu dite à ce moment présent , recueillie   dans les Écritures et dans la Tradition vivante de l´Église.

- révélation : écoute de la Parole de Dieu dite pour aujourd´hui , dans une circonstance concrète.

 - discours en langue : communication réalisée sous d´autres formes de langage  qui ont besoin d´une interprétation pour être compris.

4.  Parallèlement à ce schéma, nous utilisons aussi cet autre, qui lui est semblable :

 - information : sur ce qu´il y a de plus important depuis la réunion précédente.

 - écoute : de la Parole de Dieu, dite sur le moment  et dite pour aujourd´hui.

 - prière : à partir de ce qui a été écouté et vécu ; avec un psaume, avec les paroles de chacun ou avec un chant.

5. Et s´il y a le silence ? Certains pensent que, dans le silence, il ne se passe rien, qu´il s´agit simplement d´un vide. Certains s´énervent, ils ne supportent pas le silence. Il convient de voir ce que signifie le silence. Il peut être un signe de blocage, de tension, d´un manque de communication ; mais aussi de réflexion, d´écoute, de contemplation. Dans bien des cas, dans le silence, la Parole est en état de gestation.

6.  Du point de vue de l´instruction, nous développons peu à peu un ensemble de catéchèses qui facilitent l´initiation au mystère du Christ et à la profession personnelle de foi à toute la foi de l´Église, ce qui implique que l´on remette l´Evangile (et aussi la Bible), ainsi que le Credo. Les catéchèses facilitent aussi l´initiation à la justice de l´Évangile proclamée dans le sermon sur la montagne et qui implique un processus de conversion de l´homme ancien à l´homme nouveau ; de plus, elles facilitent l´initiation à la prière chrétienne, dont le modèle est la manière de prier de Jésus. Et enfin, les catéchèses facilitent l´initiation à la mission évangélisatrice de Jésus qui continue à dire : Allez, et faites des disciples (Mt 28,19).

7.  Tout ceci est au service de la Parole de Dieu dite pour aujourd´hui ; elle doit toujours prévaloir  et elle peut déplacer ce que nous avions initialement prévu ou programmé. La Parole de Dieu, vivante et efficace, peut se produire de multiples manières : dans des évènements personnels, sociaux et ecclésiaux qui deviennent significatifs et éloquents (signes) ; dans les lectures bibliques du jour (ou du dimanche) ; dans des expériences semblables à celle de Saint Augustin (Prends et lis )...

8.  Peu à peu, on peut comprendre progressivement la complexité, la richesse et la variété de la pédagogie catéchuménale, tout en restant dans la simplicité qui est la sienne. Ce qui suit constitue certains des éléments-clefs les plus importants . Il s´agit d´une pédagogie de l´écoute de la Parole de Dieu qui devient évènement (donner la parole à la Parole) ; pédagogie de la relation, de la communication, du groupe (donner la parole au groupe) ; pédagogie de l´expérience (donner la parole aux évènements) ; pédagogie de l´expérience de foi (donner la parole aux témoins) ; pédagogie de l´information et de la documentation nécessaires (donner la parole aux faits objectifs, dans le domaine doctrinal, scientifique, juridique, etc.) ; pédagogie du discernement personnel, pastoral, communautaire (donner la parole à la lumière) ; pédagogie de l´action : engagement, témoignage, libération, dépassement des situations inhumaines, évangélisation (donner la parole à l´action) ; pédagogie de la profession de foi récapitulée dans le symbole de la foi (donner la parole au Credo) ; pédagogie de la prière : initiation à la prière vivante et spontanée, conversation avec un Dieu qui parle (donner la parole aux psaumes, dans l´Esprit du Notre Père) ; pédagogie de la célébration : dimension festive de la Parole de Dieu qui se réalise dans les évènements (donner la parole à la fête).

9.  Très important est le rôle de celui qui mène le groupe, qui enseigne la parole(Ga 6,6). Sa fonction est d´être un guide. Quand Philippe entendit l´eunuque lire le passage du prophète Isaïe, il lui demanda : Comprends-tu ce que tu lis ? Et lui répondit : Et comment le pourrais-je, si personne ne me guide ? (Ac 8,30-31). Philippe le guide non seulement dans le sens des Écritures, mais aussi dans le sens des évènements. Tout ce qui s´est produit pendant cette journée a une référence-clef : la Bonne Nouvelle de Jésus (8,35). Celui qui mène la réunion précisera brièvement l´objectif et le plan de la réunion , il facilitera pour chacun la prise de parole , il  fera en sorte d´équilibrer les différents éléments-clefs de la pédagogie catéchuménale, il fera un suivi du processus catéchuménal de chacun, il facilitera l´évaluation régulière du groupe.

10. Et comment mettre en marche un groupe ? Un groupe peut commencer de bien des manières. Il est fondamental de partager sa propre expérience de foi. On peut commencer par un noyau initial qui , progressivement, assimile ce qui est fondamental (Mt 4,34), qui devient une communauté qui écoute la Parole de Dieu dans les évènements (Mc 2,2), qui reste ouvert à l´incorporation de nouveaux membres (Ac 2,47). Pour commencer, il n´est pas nécessaire d´être nombreux : Que deux ou trois soient réunis en mon nom, et le Seigneur est là, au milieu d´eux (Mt 18,20). D´une grande importance est la relation personnelle, l´invitation, l´appel (Mc 10,49). Il est possible de faire dans les paroisses une convocation générale qui inclue ces éléments : information ( de quoi il s´agit), témoignage (ce que cela a supposé du point de vue personnel), invitation (appel). Les chemins qui mènent à la rencontre avec le Christ sont très variés. Les signes de l´Évangile (Mt 11,5) vécus par des personnes, des groupes ou des communautés, signifient pour beaucoup le commencement d´un processus personnel d´évangélisation.